...tel que publié sur TERREUR!TERREUR!
Procrastination oblige, j’ai fait le tour de quelques blogues et j’ai trébuché sur celui d’Élisabeth Tremblay via celui de Jonathan Reynolds. Dans une note intitulée Vous aimez la polémique, elle se porte au secours de la série Les Chevaliers d’émeraude, qui semble-t-il, se trouve à être la cible de pelletées de critiques. Son artifice défensif s’organise autour d’un argument que je ne peux plus entendre. Celui du chiffre. La série Les Chevaliers d’émeraude a conquis des milliers de lecteurs et a rapporté des millions de dollars à l’éditeur, affirme-t-elle (je ne met pas en doute l’information). Voilà deux qualités qui devraient stopper net tous ses détracteurs. Mais pourquoi faudrait-il qu’une vache à lait devienne une vache sacrée? Et pourquoi toujours nous remettre sous le nez l’argument du chiffre? On me dira que je ne comprends pas les impératifs financiers qui règlent la réalité des éditeurs? Wrong. Durant les 15 dernières années, je me suis impliqué dans les Jeunes Entreprises, j’ai suivi une formation au SAJE; je suis même allé perdre mon temps aux HEC, j’ai appris à rédiger des plans d’affaires et je gagne ma vie en vendant de la bouffe et du vin. Je suis peut-être le plus néolibéral de tous les littéraires que vous connaissez. Mais l’argument du chiffre, j’en ai vraiment marre. J’en ai marre qu’il soit l’indice ultime du succès littéraire, qu’on y ait recours comme argument salvateur pour tout texte possédant peu de qualités littéraires qui rapporte un tant soit peu à son éditeur. Comme s’il fallait créer de la richesse avec des livres « plus commercialisables » pour subventionner des livres plus obtus, « plus difficiles d’approche ». Vendre des livres; convertir des gens à la lecture, pour vendre plus de livres, pour convertir d’autres gens à la lecture. Faire de la lecture quelque chose d’aussi accessoire que superficiel. En fait, créer un besoin. Pour ensuite y répondre par la publication diluvienne de blockbusters littéraires dont l’existence ne change absolument rien au fait que d’autres sortes de livres se lisent et s’apprécient. Et je ne juge pas ce type de littérature (mais personnellement, être pogné pour en écrire, je m’endormirais sur mon clavier); je ne la juge pas dans la mesure où elle demeure à la place qui lui sied et dans la mesure où elle reste consciente de ses limites. Les Blockbusters littéraires ne sensibilisent pas plus à la lecture que les Backstreet Boys sensibilisent à la musique. Pour finir, je veux clore tout ça avec une belle vérité de La Palice – car tout blogue qui se respecte en est infesté – à savoir que le succès commercial d’un livre n’a rien à voir avec ses qualités littéraires. Transportons-nous dans le monde musical ou dans le monde du cinéma et les choses seront peut-être plus apparentes.
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