mercredi, avril 27, 2011

Lectures de vacances

Parce que dans quelques jours je serai totalement libre de lire ce que je veux, je succombe à l'envie de vous exposer mes plus fulgurants fantasmes (j’exagère) de lecture :


Les carnets jaunes de Valérien Francoeur qui a crevé quelques enflés, d’A. C. Drainville;

Atavismes de Raymond-Bock;

Une journée d’Ivan Denissovitch de Soljenitsyne;

Plusieurs excuses de Stéphane Ranger ;

Lunar Park de Bret Easton Ellis ;

Les carnets du sous-sol de Dostoïevski ;

L’influence d’un livre de Philipe Aubert de Gaspé fils;

Trépanés (l’édition définitive) de Brisebois;

Bardo or not Bardo de Volodine.

Et quelques trucs qui vous intéressent sûrement moins :

Practicing New Historicism de Gallaagher & Greenblatt;

Preface to Plato d’Erick Havelock;

Aspects du mythe d’Eliade;

Je vois Satan tomber comme l’éclair de René Girard.

Ça serait bien d’avoir tout lu ça pour juin.

mercredi, avril 13, 2011

Avril, le 13

Tel que publié sur TERREUR!TERREUR!



En 2005, le visage de l’édition québécoise recevait une balafre de plus alors que François Couture se résignait à fermer l’Effet Pourpre, une maison d’édition qui avait su, pendant six ans, revigorer le milieu en introduisant dans l’arène plusieurs nouvelles voix qui ont rapidement su s’imposer durant la 1ère décénnie de notre XXIe siècle littéraire. L’Effet Pourpre proposait une politique éditoriale franchement atypique en refusant de faire des livres comme on doit les faire, préférant plutôt faire des livres comme on peut les faire. Mais malgré la volonté de Couture de «changer les lecteurs, un à la fois», l’Effet Pourpre a du mettre un terme à sa mission.

L’Effet Pourpre reste, à mon sens, l’une des maisons d’éditions les plus respectables de la dernière décennie.

Ce qui est triste lorsqu’une maison d’édition (québécoise) disparaît, ce n’est pas tant que les auteurs se retrouvent orphelins (l’écurie de l’Effet Pourpre a réussi à se tailler une place ailleurs), c’est surtout que le catalogue de la maison naufragée est pratiquement voué aux oubliettes – beaucoup de titres se retrouvent dans les limbes. Pour un auteur comme Patrick Brisebois, c’était quelque chose de relativement dramatique : il avait publié l’essentiel de ses titres chez l’Effet Pourpre. (D’ailleurs, son premier roman, Que jeunesse trépasse, fut le coup de semonce de la jeune maison d'édition). Même s’il s’est retrouvé chez Alto, Brisebois se voyait en quelque sorte coupé du reste de son travail alors que plus rien après la déroute de l’Effet Pourpre ne pouvait assurer la diffusion de ses premiers textes.

On a longtemps espéré que la chose se produise et finalement, c’est le Quartanier qui a décidé de rééditer les trois premiers romans de Brisebois. Ça commence avec Trépanés, un récit edgy et morbide aux airs d’autofiction (ça c’est une des forces de Brisebois – ses romans critiquent formellement la classification moribonde des genres); un livre qui exige de nos «maîtres de l'horreur» auto-proclamés qu'ils retournent faire leurs devoirs. Pour vrai. En pénitence, dans l'coin.

Les premières phases de la résurrection s’opéreront mercredi le 13 avril à la librairie le Port de Tête (262, Mont-Royal Est). Le Quartanier y dévoilera deux autres titres dont celui de Raymond Bock – Atavismes – un recueil de nouvelles «posterroir», pour piquer l’expression à Alexie.

dimanche, avril 03, 2011

Prozaïc 2011


Comme l'indique le flyer, jeudi le 7 avril se tiendra une soirée de performances multi-disciplinaires. L'événement est organisé par l'association étudiante de littérature comparée de l'Université de Montréal. Venez faire un tour, j'y lirai un peu de fiction.

Salle O Patro Vys, 356 Mont-Royal Est, (au-dessus du Bily Kun),  à 2ohoo. Entrée libre*.

*Parce que t'sais, la littérature, c'est gratis.

Publié en différé : «Halluciner une carrière»

Pour ceux qui ne l'aurait pas encore lue, voici mon dernier coup de gun publié le 22 mars 2011.

Ça fait une couple de semaines que je tente de retrouver le point de fracture avec la réalité, le moment où on s’est mis à halluciner en gang. J’essaie de retrouver le moment où on s’est mis à croire dur comme fer à une lubie aussi navrante… La baloune pète ici et là et nous pataugeons en pleine déception. Je veux qu’on se le tienne pour dit : mis à part une poignée de chanceux, personne ne vivra de son art. Personne. Et aussi fort voudrez-vous entretenir cette espérance, il n’en sera rien. Même si vous mettez ça sur le dos de la culture sous financée, même si vous attribuez ça au manque d’initiative de tel ou tel artiste, même si vous accusez le bon public de ne rien comprendre à vos inepties. Ok. Ne paniquez pas : il se peut que vous fassiez plusieurs piasses avec vos trucs, dans quel cas je me serais trompé dans mes prédictions. Sauf que je mets tout de même mon fric sur la possibilité que ça n’arrive pas.
Il faut faire acte de conscience et détruire le complexe hallucinatoire qui nous hante : tant qu’on parlera du métier d’écrivain en termes carriéristes – termes qui lui siéent très mal, croyez-moi, car réussir sa carrière n’a rien à voir avec réussir sa démarche artistique – on continuera de croire qu’il s’agit d’un métier qui peut se plier aux impératifs d’une carrière, c’est-à-dire assurer son ascension dans une échelle salariale, ses avancements, ses opportunités, etc. Et on fait beaucoup pour maintenir se mythe en place. Ce mythe créé une autre confusion fâcheuse, celle qui nous fait ranger chroniqueur, journaliste, blogueur, écrivain, scénariste dans le même tiroir (vous me direz que nous sommes à l’ère de la convergence des médias, du web 2.0 et de la diarrhée verbale). Comme si chacune de ces professions n’étaient qu’une facette du même métier, une carte de plus dans son jeu, un atout de plus pour être engagé grâce à jobboom. J’appelle ça de la dispersion de talent alors que d’autres pourraient appeler ça de l’initiative ou savoir se rédiger un cv.
Écrire ce n’est pas une job, c’est un sacrifice. Si écrire est une carrière, c’est une anti-carrière : elle est trouée de compromis, traversée par des troupeaux de vaches maigres, ponctuée de trains manqués. Écrire ça ne se compile pas en résultats ni en dollars (oui, je sais, c’est triste). Tant que vous vous obstinerez à le voir ainsi, vous passerez à côté de votre tâche la plus importante, torcher quelque chose de neuf et de dérangeant. Aller à Tout le monde en parle, être vu dans les 5 à 7, passer à la radio, vendre des tonnes de copies, ce n’est pas réussir à écrire. Gagner sa vie en écrivant ce n’est pas (automatiquement) réussir en tant qu’écrivain – réussir à écrire, à être écrivain, c’est réussir à dire quelque chose. Cessez de vous surprendre qu’il n’y a pas une cenne à faire avec la littérature (et l’art, par extension) et cessez d’en être déçu.

P.S : Sur le blogue de la Swompe, Mathieu Arsenault a très bien résumé ce qui adviendrait si le métier d’écrivain collait totalement au modèle carriériste.

Si vous voulez lire la note avec ses hyperliens, reportez-vous à sa version terrifiante.