Le réflexe taxonomique qui pousse à vouloir tout classifier et à tout étiqueter s’est répandu de façon épidémique dans tous les domaines des sciences humaines. La littérature, comme souvent, n’a pas été épargnée par la contagion.
Lorsqu’on est légèrement au courant de comment le savoir se construit et se finance à l’intérieur de ses institutions, on peut s’imaginer que la job de classage que représentait – et représente encore – la littérature à dû faire saliver une bonne tonne de chercheurs universitaires. Un des genres littéraires qu’on a le plus subdivisé en catégories, qu’on a morcelé, haché, effiloché en une tonne de mouvements, de courants, c’est sûrement le roman. Et quand d’autres chercheurs se sont mis à réfléchir sur les sous-genres du roman, ils ont émis une pléthore de définitions (tout a fait discutables, by the way) et se sont efforcé de dégager des caractéristiques qui leurs répondraient. Sont tranquillement apparues des étiquettes telles que «roman policier», «polar», «science-fiction», «fantasy», «roman gothique».
Et c’est là que le chien s’est fait fourrer. Sournoisement, les écrivains et les éditeurs se sont mis à prendre ces caractéristiques pour du cash. Les étiquettes produites étaient si fortes qu'on ne pouvait plus gérer la production littéraire sans avoir y recours systématiquement. À un point tel que la première question que se pose un écrivain après avoir rédigé une couple de pages de son nouveau manuscrit ressemble à : «Dans quel genre suis-je entrain d’écrire?» Une fois le supposé genre identifié, l’écrivain fera tout en son pouvoir pour adapter son travail aux caractéristiques de ce genre. L’éditeur publie de la littérature de genre fait la même chose. En plus de refuser les mauvais manuscrits – ce qui va de soi mais n’est peut-être pas toujours vrai – il refuse les manuscrits qui ne se plient pas au genre exploité. En fait, non. Il faut dire «qui ne se plient pas totalement aux règles du genre exploité».
Il faut admettre que tout ça est extrêmement problématique. Comment peut-on dire «ceci n’est vraiment pas de l’horreur» ou «ceci n’est pas vraiment de la science-fiction». Ces deux affirmations impliquent qu’il existe une définition précise concernant les genres romanesques. Et si on écrit dans l'intention de correspondre à une définition, entendons-nous qu’on que ne fait plus qu’émuler, on ne fait plus que copier; on n’invente plus rien (ça ce n’est pas tellement grave) mais on épuise les textes ou les récits pères desquels certains critiques ont extraits des caractéristiques pour former des entités théoriques (qui n’a rien à voir avec l’acte d’éditer ou d’écrire proprement dit), les différents genres du roman.
Lorsqu’on est légèrement au courant de comment le savoir se construit et se finance à l’intérieur de ses institutions, on peut s’imaginer que la job de classage que représentait – et représente encore – la littérature à dû faire saliver une bonne tonne de chercheurs universitaires. Un des genres littéraires qu’on a le plus subdivisé en catégories, qu’on a morcelé, haché, effiloché en une tonne de mouvements, de courants, c’est sûrement le roman. Et quand d’autres chercheurs se sont mis à réfléchir sur les sous-genres du roman, ils ont émis une pléthore de définitions (tout a fait discutables, by the way) et se sont efforcé de dégager des caractéristiques qui leurs répondraient. Sont tranquillement apparues des étiquettes telles que «roman policier», «polar», «science-fiction», «fantasy», «roman gothique».
Et c’est là que le chien s’est fait fourrer. Sournoisement, les écrivains et les éditeurs se sont mis à prendre ces caractéristiques pour du cash. Les étiquettes produites étaient si fortes qu'on ne pouvait plus gérer la production littéraire sans avoir y recours systématiquement. À un point tel que la première question que se pose un écrivain après avoir rédigé une couple de pages de son nouveau manuscrit ressemble à : «Dans quel genre suis-je entrain d’écrire?» Une fois le supposé genre identifié, l’écrivain fera tout en son pouvoir pour adapter son travail aux caractéristiques de ce genre. L’éditeur publie de la littérature de genre fait la même chose. En plus de refuser les mauvais manuscrits – ce qui va de soi mais n’est peut-être pas toujours vrai – il refuse les manuscrits qui ne se plient pas au genre exploité. En fait, non. Il faut dire «qui ne se plient pas totalement aux règles du genre exploité».
Il faut admettre que tout ça est extrêmement problématique. Comment peut-on dire «ceci n’est vraiment pas de l’horreur» ou «ceci n’est pas vraiment de la science-fiction». Ces deux affirmations impliquent qu’il existe une définition précise concernant les genres romanesques. Et si on écrit dans l'intention de correspondre à une définition, entendons-nous qu’on que ne fait plus qu’émuler, on ne fait plus que copier; on n’invente plus rien (ça ce n’est pas tellement grave) mais on épuise les textes ou les récits pères desquels certains critiques ont extraits des caractéristiques pour former des entités théoriques (qui n’a rien à voir avec l’acte d’éditer ou d’écrire proprement dit), les différents genres du roman.
Donc! Vous écrivez de la littérature de genre? Dropez vos crayons right now ou lâchez vos macbook pro à l’instant! Voici 5 choses que je veux que vous fassiez :
1) Arrêtez de penser en termes de genres littéraires. Vous allez choper le cancer. Vous pensez que votre récit n’est pas réaliste et que de l’inscrire dans un genre parent du fantastique le sauvera? Faux, un bon récit n’a pas besoin d’être sauvé - arrêtez d'utiliser les conventions d'un genre, peu importe lequel;
2) Pour tous ceux qui croient faire du fantastique ou de l’épouvante, évacuez immédiatement de votre vocabulaire des mots tels que ténèbres, obscur, nocturne, déchu, damnation, écarlate, sanglant, folie, démoniaque, bestial, sépulcral... Utilisez-les plutôt si vous croyez faire de l'auto-fiction.
Ne parlez plus de vampires ni de démons.
Pulvérisez les concepts de mal et de bien et surtout, ne les faites plus intervenir l'un contre l'autre dans une lutte sans merci. Oubliez tous vos principes moraux, de peur que vous les inculquiez à vos personnages ou à vos créatures. Abandonnez le thème de la folie : vous n’avez probablement aucune idée de quoi vous parlez. Renseignez-vous pour vrai avant de parler de pyschopathe ou de tueurs en série (Là, je ne parle pas d'écouter Dexter en boucles). À moins de connaître à fond le mythos judéo-chrétien et de pouvoir y recourir d’une manière complètement neuve, cessez à l’instant d’y puiser symboles, fables, figures etc.
À l’instant, j’ai dis!
3) Pour ceux qui pensent faire du Fantasy, faites cet examen de manière répétitive, jusqu’à ce qu’il s’assimile à vos réflexes les plus reptiliens.
4) Pour ceux qui croient faire de la science-fiction, allez tout de suite lire l’introduction de The Left Hand of Darkness d'Ursula K. Le Guin; arrêtez d’asseoir tout votre travail sur le novum (la bébelle super-originale qui se trouve au coeur de votre « vision réaliste de l’avenir»). Vous ne faites pas de la recherche en sciences : vous écrivez des histoires. Et surtout, s’il vous plaît, intéressez-vous juste un peu à la poésie et aux «usages atypiques» de la langue. Aussi, informez-vous sur les anciens mythes. De préférences, les moins connus.
5) Lisez plein d’auteurs différents provenant d’époques différentes. Brûlez Tolkien et Asimov. Comprenez que l’imaginaire doit prévaloir sur l’affiliation aux genres. Soyez perspicaces et vous allez voir que vos «romans de genre» préférés sont, en fait, inclassables.
Devoir pour la semaine:
Lire Mister B. Gone de Clive Barker, The Road de Cormac McCarthy et Dondog d'Antoine Volodine et les classer par genres romanesques. On va rire.
2 commentaires:
Pertinent manifeste ;)
Crois-tu que, pour étudier des oeuvres, utiliser la notion de genre peut être utile? Y aurait-il sinon une notion semblable qui puisse fonctionner? Parce qu'en même temps, ces "règles" ou "codes" sont connus du lecteur et plusieurs oeuvres aiment jouer avec ça pour surprendre leurs lecteurs.
Ça dépend à travers quelle problématique tu étudies tes oeuvres. En fait, ma critique vise pas tant l'étude mais surtout la rédaction de ces oeuvres. Qu'on les classifie, fine. Mais que ça court-circuite pas la façon dont on produit ses oeuvres.
D'emblée, quand dans une oeuvre on joues avec ces règles, y'a une forme de dépassement des codes esthétiques. Et en plus, l'oeuvre commente par la bande le problème de la classification; sa forme offre un statement théorique sur la questions des genres. Ça fait souvent d'excellentes choses et c'était l'idée que je voulais amener avec les livres que j'ai mentionné en fin de note.
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