jeudi, mars 04, 2010

Se contenir et redevenir éditeur

Vous ignorez à quel point je pourrais noircir ce blogue de notes pleines de fiel. 2 ou 3 par jour, presque. Mais attention, elles seraient pleines d’un fiel distillé, mis en bouteilles, un fiel digne de grandes cuvées. Un fiel travaillé à même la vigne; du sang de cailloux, quoi. Pourtant, je me retiens de tirer à boulets rouges sur tout ce qui m’indigne. Vous aurez deviné ma cible principale : le microcosme littéraire québécois. Comme beaucoup d’autres, ce qui s’y passe me ronge les parois stomacales. Les brûlements d’estomac, c’est le propre de tous ceux qui restent (à tort ou à raison) dans l’ombre. Peut-être que si je vidais quelques chargeurs argumentatifs sur certaines têtes qui selon moi, manquent tout à fait d’autorité critique et de talent pour s’imposer à ce point, je brasserais un peu de merde et ce blogue serait une destination-rêve pour tous ceux qui ont leur grain de sel à cracher dans la soupe. Mais je n’aime pas ça, brasser la merde. Je préfère brasser autres choses. Des idées, genre.
À scander des paroles venimeuses, je préfère garder le silence. En fait, tout ceux que je connais qui sont aussi aigris que moi, gardent eux aussi le silence. On reste les bras croisés, dans notre coin de la salle, en observant les choses aller, en espérant que quelqu’un se plante, fasse rire de lui, que quelqu’un se réveille et dise : «Ça fera, les imposteurs!» Mais non. Le mélange tient, la chorégraphie se poursuit sans trop d’anicroches. On hésite entre rire ou pleurer.
En me calmant, je suis venu à deux conclusions:

1) La littérature connaît en ce moment un décentrement historique : elle est de moins en moins consommée par des lecteurs, mais de plus en plus par des téléspectateurs, des websurfeurs, des auditeurs; elle est de moins en moins écrite par des écrivains mais de plus en plus par des script-éditeurs, des scénaristes, des chroniqueurs, des journaleux, des bacheliers en communication. D’ailleurs, je le tiens de la bouche de certains professeurs, (faites-en ce que vous voulez) la littérature comme objet d’étude serait sur son déclin; dans l’avenir on s’attardera davantage aux récits (et les récits, ça transcende n’importe quel médium, que ce soit le cinéma, la vidéo, la webtélé, la télé, le livre, etc.).
2) À l’automne, je vais ouvrir une bannière d’édition toute neuve et reprendre du service. Ça vaudra mieux que me faire du sang d’encre et de couver un cancer.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Évidemment, ta bande-annonce ressortie des boules à mites n'est pas étrangère à ce propos que tu tiens. Y en a certains qui l'ont enflée pas à peu près, et parce qu'ils ont le contrôle sur une certaine diffusion se font passer pour des petits génies. Le talent de quelques-uns que je connais suffit à justifier leur démarche avec les médias, et je les en pardonne. Pour la littérature, justement, celle que tes profs voient disparaître au profit du récit.
Mais pour d'autres, je vomis.

Je t'avoue que je fais partie de ceux qui regardent aller en sacrant en silence et en espérant que les arrivistes se feront ramasser solidement. À moins que la critique copine, ce qui est loin d'être impossible...

Le travail nous donnera raison? On pourrait aussi rester en retrait à tout jamais, ce qui est sûrement mieux.

à bientôt,
chez nous lundi?

Ed. a dit…

Tout ce cirque m'a fait réfléchir dernièrement. J'y ai malheureusement participé à certains moments... Mais bon, c'est fait.

Tout ça d'ailleurs, c'est pas étranger aux décisions que j'ai prises au début de février.

Hâte qu'on s'en parle face à face...

Le Mercenaire a dit…

Max:
Ça me fait toujours plaisir de te voir passer par ici et ça m'encourage de voir que des gens sont aussi consternés que moi, que ce n'est peut-être pas rien qu'un délire de persécution.
Le sort de ma bande-annonce m'a beaucoup attristé. Lorsqu'elle est sortie en 2006, elle n'a pas fait tourner beaucoup de têtes : les machins comme facebook - qui auraient pu lui assurer une véritable diffusion - n'existaient pas encore. L'idée m'avait trotté dans la tête depuis un bon moment et je l'ai réalisée, un peu comme on plante un drapeau au coeur d'un désert polaire, simplement pour revendiquer le territoire.
J'ai encore la naïveté de croire que le travail nous donnera forcément raison, que quelqu'un va bien finir par remettre de l'ordre dans ce bordel.
À bientôt, oui, mais comme j'ai dit à Alexie, ça sera lundi prochain (pas lui, l'autre après).

Ed:
Les décisions que tu as prises m'ont beaucoup fait réfléchir moi aussi. On va se jaser ça en vrai très très bientôt promis.
Ed: