À cause de mes appétences pour le folklore nordique, pour le souffle grandiloquent des mythèmes chrétiens et surtout pour les quêtes métaphysiques limites vieux-jeu, je tremble de voir ce film. Vite de même, ça a l’air d’une re«montée» des enfers païens; de visu, on dirait l’errance puis la consécration d’un dieu nietzschéen – le héros borgne est une référence directe à Odin – un dieu nietzschéen, disais-je, qui n’est pas encore amputé de sa part néfaste, un dieu qui ne pardonne pas mais se venge, un dieu de colère qui préfère tuer les hommes que les aimer, un dieu affamé de sacrifices. On dirait aussi une fable épique où s’agiteraient désespérément ceux qui veulent à tout prix être sauvés, qui refusent de voir la révélation - soit que rien de doit être sauvé et que la promesse salvatrice est une parole creuse.
«Tandis que Colomb vogue vers des terres étrangères pour y chercher le familier - de l'or, des sujets, des rossignols -, en Espagne Nebrija préconise de réduire les sujets de la reine à un type de dépendance entièrement nouveau. Il lui offre une arme nouvelle, la grammaire, qui sera maniée par un genre neuf de mercenaire, le letrado.»
-Ivan Illich, «Les Valeurs vernaculaires», Le Travail fantôme
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